Bilan d’une belle relation à Nantes !

En tant que bénévole à l’E.S.A, j’ai accompagné la jeune Naoumine durant ses années de 4e et 3e. Suite à un déménagement, cet accompagnement a dû prendre fin en septembre 2017.

Au terme de ces deux ans, pendant lesquels une réelle relation amicale s’est construite, nous avons décidé de faire le bilan de cette expérience avec Naoumine et sa maman, Anridhoine.

Afin de rendre ces échanges ludiques, chacun a préparé librement des questions à destination des autres. Les questions ont été dévoilées au fur et à mesure de ce petit jeu et nous y avons répondu spontanément. Je partage ici le résultat de ces interviews croisées, en espérant donner envie à des familles de solliciter l’E.S.A et à de futurs bénévoles de s’engager comme moi dans ce formidable projet.

Questions à Anridhoine :

Cyril : Comment avez-vous eu connaissance de l’E.S.A et pourquoi avoir demandé un accompagnement pour Naoumine?

Anridhoine : J’ai parlé des difficultés de ma fille à ma copine Catherine, dont les enfants étaient suivis par l’association Entraide Scolaire Amicale. Elle m’a conseillé de contacter cette association, qui aide les familles qui n’ont pas beaucoup de ressources, et j’ai appelé l’antenne de Nantes. On m’a expliqué le fonctionnement et ensuite accompagnée pour les démarches d’inscription. A cette époque Naoumine venait d’entrer en 4e, et j’ai remarqué que ses notes chutaient. Elle commençait aussi à avoir des problèmes de comportement à l’école et c’est pour ça que j’ai pensé qu’il fallait trouver quelqu’un pour l’aider.

Naoumine : Est-ce que tu pensais que cet accompagnement pourrait vraiment changer quelque chose ?

Anridhoine : Honnêtement au début je me disais qu’une heure par semaine ça ne suffirait pas, j’étais inquiète qu’il n’y ait pas de résultat concrets. Mais compte tenu de ma situation, je ne pouvais pas faire appel à quelqu’un d’autre et je me suis lancée, c’était quand même une aide supplémentaire bonne à prendre.

Naoumine : A quel moment tu as senti que la situation s’améliorait ?

Anridhoine : Quand tu es rentrée en 3e, tu m’as tout de suite parlé d’orientation. Tu me disais « Je vais faire ça, et je vais faire ça… », tu t’es aussi beaucoup calmée, c’était génial. Tu m’as dit que tu allais tout faire pour avoir ton brevet. C’est là que j’ai senti une vraie motivation et qu’on a vu les premiers résultats.

Cyril : Quel changement avez-vous vu chez Naoumine tout au long de cet accompagnement ?

Anridhoine : La première année a été très difficile pour moi. Elle a traversé un âge compliqué et j’avais du mal à communiquer avec elle. L’école m’appelait tout le temps, c’est même allé jusqu’au conseil de discipline. Je ne pensais pas qu’elle allait changer. Je croyais que c’était fini et je me disais que ma fille allait tout perdre. Et la deuxième année, en 3e, c’est là que j’ai vu le miracle ! Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’elle obtienne le brevet. Mais vous nous avez aidé toutes les deux, moi à gérer la situation et elle à progresser, et les choses se sont améliorées dans tous les domaines.

Cyril : Est-ce que vous conseilleriez l’E.S.A à des parents qui ne peuvent pas faire aider leurs enfants en difficulté scolaire ? Qu’est-ce que vous leur diriez ?

Anridhoine : Je leur dirais que c’est une association de proximité qui nous aide vraiment et qui est très efficace. C’est aussi une association sérieuse et très respectueuse. C’est très agréable de travailler avec eux.

Questions à Cyril :

Naoumine : Pourquoi écrire un témoignage sur cette expérience ?

Cyril : Il y a un intérêt pour l’association et une raison plus personnelle. Les responsables de l’antenne de Nantes ont été très touchés par la relation d’amitié qui s’est créée entre nous, et ils souhaitaient illustrer le principe de l’E.S.A « un jeune / un bénévole » avec notre expérience. A titre plus personnel, j’étais déçu de ne pas avoir eu le temps de faire un vrai bilan de cet accompagnement avec vous, nos contraintes personnelles ayant précipité le changement de bénévole. J’avais envie qu’on prenne le temps d’échanger sur la façon dont chacun a vécu ces deux ans, et de donner une conclusion digne de ce nom à une expérience qui aura beaucoup compté dans nos parcours.

Naoumine : Qu’est-ce que tu as pensé de notre façon de travailler ?

Cyril : Il faut savoir que j’avais déjà animé des ateliers dans des classes de collège mais que c’était mon premier accompagnement individuel. Donc au début j’ai un peu tâtonné, j’ai dû chercher une méthode de travail qui nous convienne à tous les deux. Heureusement tu as été très à l’écoute tout de suite. Tu étais très timide les premiers mois, c’était difficile de te faire parler, mais progressivement tu as pris de l’assurance et tout s’est déroulé très naturellement à partir de la deuxième moitié de la classe de 4e. Finalement, on a trouvé une méthode efficace qui a pu se construire parce qu’on a appris à se connaître, et ça tient beaucoup à la proximité que veut instaurer l’E.S.A entre les jeunes et leur bénévole.

Anridhione : Est-ce que vous avez eu des moments difficiles durant ces deux ans ?

Cyril : Il y a certains aspects auxquels je n’étais pas vraiment préparé. Par exemple à la fin de la première année j’ai eu peur que votre relation avec Naoumine se dégrade à tel point que cela se répercute sur l’accompagnement. Nous avons été amenés à échanger sur des problèmes très personnels pendant cette période. J’ai aussi sous-estimé la responsabilité que représente le fait de conseiller un jeune sur son orientation. J’ai ressenti beaucoup de pression en voyant la grande confiance que m’a accordée Naoumine sur un enjeu si important. Mais c’est une satisfaction d’autant plus grande d’avoir pu dépasser ces difficultés et que finalement tout se termine bien !

Anridhione : Est-ce que vous allez accompagner un nouveau jeune ?

Cyril : C’était une expérience très formatrice, et grâce à la relation que l’on a développée avec Naoumine c’était aussi de très bons moments. Le cadre que propose l’E.S.A me convient parfaitement et pour toutes ces raisons en effet je vais poursuivre mon bénévolat avec un nouveau jeune.

Questions à Naoumine :

Cyril à Naoumine : Comment décrirais-tu ton état d’esprit quand l’accompagnement a commencé ?

Naoumine : J’en faisais qu’à ma tête ! J’étais sûre de moi, de ce que je faisais, j’avais l’impression d’être indépendante et de n’avoir besoin de personne. Quand ma mère m’a parlé d’une aide une fois par semaine, je n’avais pas du tout envie. Honnêtement, au début je n’attendais rien de cet accompagnement. Je l’ai fait pour faire plaisir à ma mère, parce que je voyais qu’elle était triste et que ça la rassurait.

Cyril à Naoumine : Est-ce que cette formule « un jeune / un bénévole » t’a plu et pourquoi ?

Naoumine : Oui, ça m’a beaucoup plu. Par rapport à un accompagnement collectif, on peut plus facilement parler au bénévole de choses personnelles. Le bénévole et aussi plus attentif et les explications sont plus personnalisées que dans une classe.

Cyril à Naoumine : Qu’est-ce que cet accompagnement a changé pour toi ? Sur le plan scolaire et personnel ?

Naoumine : Ce qui a changé c’est d’abord mon comportement. Je suis devenue plus mature et cette expérience m’a beaucoup apporté. Au niveau scolaire je suis passée de 7 de moyenne en 4e, sans vrai projet professionnel ni intérêt pour l’école, à 16 aujourd’hui dans un BAC pro où j’aime ce que je fais. Les recherches qu’on a faites tous les deux sur les différentes filières m’ont énormément aidée à trouver ma voie. J’ai retrouvé de la motivation en voyant qu’il existait des formations qui correspondaient à mes centres d’intérêts.

Cyril à Naoumine : Est-ce que tu conseillerais l’E.S.A à un jeune qui rencontre des difficultés ? Qu’est- ce que tu lui dirais ?

Naoumine : Je lui dirais que moi ça m’a beaucoup aidée. Au niveau scolaire bien sûr, mais aussi dans la relation avec ma famille. Même si le bénévole n’est pas là au départ pour faire de la médiation, il peut faciliter la communication. C’est un vrai point fort d’avoir une relation de confiance avec le bénévole pour pouvoir gérer ces aspects plus personnels que le simple soutien scolaire.

Cyril à Naoumine : Pour conclure, quels sont les points essentiels que tu retiens de cette expérience ?

Naoumine : Avant l’accompagnement je ne travaillais pas, j’étais immature et sans toi la relation avec ma mère aurait pu mal se terminer. S’il fallait retenir trois points ce serait donc ceux-là : le fait d’avoir retrouvé de l’enthousiasme pour les études, d’avoir grandi dans mon comportement, et d’avoir retrouvé une très bonne relation avec ma mère grâce à ton rôle de médiateur. Je voulais aussi dire que je suis très contente de cette expérience et je voulais te remercier.

Témoignage recueilli par Cyril, antenne de Nantes